In a post-pandemic world experiencing an ongoing labour shortage, essential workers in Québec work in the industries of agriculture, construction, transportation, health care, and social work—where, despite the risks, they have continued working long hours. Some of Canada’s most essential workers are also the most underpaid and undervalued. As a photographer and labour researcher who has organised with essential workers, Selena Phillips-Boyle has an intimate understanding of the challenges and lived reality of essential workers. Through their work they aim to explore labour through a collaborative, non-exploitative artistic relationship with each participant.
In Doorstep to Doorstep, Phillips-Boyle documents essential workers in Québec through a series of environmental portraits using medium format black and white film photography. They photograph each worker at the beginning and end of the work day—first at home getting ready, during the commute, and outside the workplace, contrasted in reverse order with the worker at the end of their shift. Documenting each worker as their day starts and ends creates a mirrored duplicity in the images, investigating the physical and emotional toll of labour on the body. In this project, Phillips-Boyle also explores how the nature of work has changed during the pandemic.
Phillips-Boyle photographs each participant using a Bronica Zenza camera on 120 Kodak Tri-X film—a film chosen due to its historic significance in documenting worker struggles. This project was supported through an artist residency at Gallery 44. Interviews were conducted in a mix of English and French. Translated quotes (either from French to English or from English to French) are in italics.
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Dans un monde post-pandémie en pénurie de main-d’œuvre, les travailleur·euse·s essentiel·le·s du Québec continuent malgré les risques de consacrer de longues heures aux secteurs agricole, de la construction, des transports, de la santé et du travail social. Au Canada, certaines des personnes dont le travail est le plus indispensable sont aussi parmi les moins bien payées et les moins valorisées. Comme photographe, chercheur·e spécialiste du monde du travail et militant·e auprès des travailleur·euse·s essentiel·le·s, Selena Phillips-Boyle connaît intimement leurs difficultés et leur réalité. L’artiste explore les thèmes du travail en nouant avec chaque participant·e une collaboration qui rejette toute forme d’exploitation.
Dans le cadre du projet De porte en porte, Selena Phillips-Boyle raconte l’expérience de travailleur·euse·s essentiel·le·s au Québec par une série de portraits environnementaux argentiques de format moyen, réalisés en noir et blanc. Chaque personne est photographiée au début et à la fin de la journée : chez elle avant de partir, en route vers le travail et devant son lieu de travail, puis dans l’ordre inverse au retour. Ce processus crée un effet de dédoublement miroir, point de départ d’une enquête sur les répercussions physiques et affectives du travail sur le corps. L’artiste en profite aussi pour explorer l’évolution du travail depuis la pandémie.
Selena Phillips-Boyle photographie chaque participant·e à l’aide d’un appareil Bronica Zenza sur la pellicule Tri-X 120 de Kodak, choisie pour son importance historique dans le travail documentaire autour des luttes syndicales. Ce projet a reçu l’appui du centre Gallery 44 sous forme de résidence artistique. Les entrevues ont eu lieu en anglais et en français; les citations traduites (de l’anglais au français et vice-versa) sont en italiques.
CAPTIONS
- EN:
At the beginning of the COVID-19 pandemic, the Canadian government announced the National Strategy for Critical Infrastructure, which classified specific categories of workers in ten sectors as essential. Construction workers were listed in nearly every sector. However, workers don't actually consider every type of work within the industry as essential. “I think, yeah, we’re essential workers… you have to do maintenance work on houses, right? You have to build homes… [but] there’s a really big chunk of it that’s not essential. Where it’s people who’re having these huge freaking cottages built, or people doing renovations… that’s just luxury, that doesn’t need to get done.”
Erica, construction worker
FR:
Au début de la pandémie de COVID-19, le gouvernement canadien annonce la Stratégie nationale sur les infrastructures essentielles, qui classe comme indispensables certaines catégories de travail en lien avec dix secteurs. Les travailleur·euse·s de la construction sont mentionné·e·s dans presque tous les secteurs. Pourtant, iels ne voient pas tous les types de travail associés à leur industrie comme essentiels. « J’pense que oui, on est des travailleurs essentiels… Il faut qu’on entretienne les maisons, right? Il faut qu’on construise des logements… [mais il] y a vraiment une grosse partie qui est pas essentielle. Que c’est des gens qui se font construire des esti de grosses cabanes, ou des gens qui font des rénos… qui sont juste de luxe, qui sont pas des choses qu’il faut qu’y soient faites. »
Erica, travailleuse de la construction

- EN:
Cat is a social worker with two jobs: one at a safe injection site and the second at an overnight shelter. “I’ve always been used to, like, working a lot, but also the standard, the cost of living is so high now, that I can’t make ends meet if I don’t work… that’s the deal for community workers, you don’t do it for the money.” In between her two shifts, Cat has a precious few hours at home where she makes supper and a second pot of coffee, takes her dog for a walk, and chats with her roommate. Cat's work schedule often makes it difficult to maintain close connections with her community. "I haven't seen some of my friends in six months."
Cat, social worker
FR:
Cat est travailleuse sociale. Elle a deux emplois : un dans un service d’injection supervisée, l’autre dans un refuge de nuit. « J’ai toujours eu l’habitude de comme, beaucoup travailler, mais aussi le niveau, le coût de la vie est rendu tellement élevé, que je peux pas m’en sortir si je ne travaille pas… Dans le communautaire, c’est connu, tu fais pas ça pour l’argent. » Entre ses deux quarts de travail, Cat passe quelques précieuses heures chez elle. Elle en profite pour préparer à souper, refaire du café, sortir son chien et jaser avec sa colocataire. À cause de son horaire de travail, Cat a souvent du mal à rester proche de sa communauté. « J’ai des ami·e·s que je n’ai pas vu·e·s depuis six mois. »
Cat, travailleuse sociale

- EN:
Keniya-Frédérika starts their morning routine at 5:40 a.m. They wake up, get dressed, wash their face, and do some yoga, before eating and getting ready to leave. Each day before their shift as a hospital orderly, Keniya-Frédérika has to call in with the hospital office to confirm where they're working. This means that each day they work in a new department of the hospital with a new team, something that Keniya-Frédérika finds very stressful. "Every day it's a new environment so I have to ask some questions, and sometimes people don't have a lot of patience to explain to you."
Keniya-Frédérika, hospital orderly
FR:
Keniya-Frédérika commence sa routine matinale à 5 h 40 : se lever, s’habiller, se laver le visage, puis faire du yoga, manger et se préparer à partir. Comme préposé·e aux bénéficiaires, Keniya-Frédérika doit aussi appeler l’hôpital pour savoir où aller. Chaque quart de travail a lieu dans un nouveau service, avec une nouvelle équipe. C’est très stressant. « Chaque jour, je travaille dans un nouvel environnement, donc je dois poser des questions, et les gens n’ont pas toujours la patience de m’expliquer. »
Keniya-Frédérika, préposé·e aux bénéficiaires en milieu hospitalier

- EN:
In the winter, Catherine wakes up before the sun rises as her partner continues sleeping. She sits alone at her kitchen table eating and looking at her phone. "I fully wake up once I get to work. [Right now] I'm in an in-between state. I can still get places, I can still talk to people, but like, I'm half there until I get to work and then I have to be fully present."
Catherine, nutritionist
FR:
L’hiver, Catherine se lève avant le soleil. Seule à sa table de cuisine, pendant que son conjoint dort encore, elle mange et regarde son téléphone. « C’est quand je suis au travail que je me réveille vraiment. [En ce moment,] je suis entre deux. Je peux quand même me déplacer, parler aux gens, mais je suis entre deux jusqu’à ce que j’arrive au travail. Là, je dois être complètement présente. »
Catherine, nutritionniste

- EN:
It's a generalisation of essential workers, but one that I found to be true throughout my work on this project—essential workers wake up early. Like, very early. As the photographer, this meant that I had to get up even earlier; let's just say that I woke up to a lot of 4:00 a.m. alarm clocks during the documentation phase, leaving me feeling exhausted throughout the project. Photographing in early mornings or late afternoons meant a lot of low light situations, presenting a technical challenge. As my work transitions from digital to analogue, the iso of the film becomes a limiting variable in how the images are made.
FR:
Si j’ai pu valider une généralisation durant le projet, c’est que les travailleur·euse·s essentiel·le·s se lèvent tôt. Vraiment tôt. Pour les photographier, j’ai dû me lever encore plus tôt; pendant la phase documentaire du projet, mon cadran me réveillait souvent à quatre heures du matin. J’étais épuisé·e du début à la fin. Comme je faisais des photos à l’aurore et en fin d’après-midi, je devais souvent me contenter d’une faible luminosité, ce qui représentait un défi technique. Quand on passe du numérique à l’analogique, la valeur ISO de la pellicule devient un facteur limitant par rapport à la façon de faire des images.

- EN:
Each day before work, Agnès maintains a lengthy three-hour morning routine. They wake up early so they have time to spend relaxing in bed, to do some gentle morning yoga and stretches, and to practice their dancehall technique before making coffee and eating breakfast. This morning routine, which includes a lot of movement, isn't optional for them. “Being a mechanic is really tough on the body, so it’s important to take care of your body by doing this stuff.” During the pandemic, it became essential to add a focus on healthy eating and taking vitamin supplements into their morning routine. “It’s sort of like, before, I was doing it out of interest… now it’s like it’s absolutely necessary for me to eat well in the morning, for me to take supplements… to make sure I don’t catch COVID.” Throughout their day, Agnès integrates an intentional mindfulness practice.
Agnès, mechanic
FR:
Chaque jour, avant le travail, la routine matinale d’Agnès prend trois heures. Ils se lèvent tôt pour prendre le temps de relaxer au lit, de faire un peu de yoga et quelques étirements, et pour pratiquer leur technique de dancehall avant de faire du café et de déjeuner. Cette routine axée sur le mouvement est tout sauf facultative : « Être mécaniciens, c’est vraiment dur pour le corps, donc c’est important de faire tout ça pour prendre soin du corps. » Durant la pandémie, ils ont dû intégrer une alimentation saine et des suppléments vitaminés à leur routine matinale. « C’est comme si, avant, je le faisais parce que c’était un intérêt… maintenant, c’est comme si c’est primordial que je me nourris bien le matin, que je prenne des suppléments… pour être sûr de ne pas pogner la COVID. » Tout au long de la journée, Agnès intègre une pratique de pleine conscience délibérée.
Agnès, mécaniciens

- EN
Mornings are early and fast for Melissa and her family. Balancing two parents who work as pilots, Melissa often has to get both herself and her kids ready alone. She wakes up, gets dressed, makes a morning coffee, does her makeup, and packs lunches for her kids before waking them up, feeding them breakfast, and getting them on the bus for school. "This [morning routine] is quite challenging because I have an hour-and-a-half where I have to do all that… and then I have to go fly for the whole day."
Melissa, pilot
FR:
Le matin, Melissa et sa famille se lèvent tôt et bougent vite. Les deux parents sont pilotes et souvent, Melissa doit se préparer et s’occuper des enfants toute seule. Elle se lève, s’habille, fait du café, se maquille et prépare les lunchs des enfants. Puis, elle les réveille, leur donne à déjeuner et les fait monter dans l’autobus scolaire. « C’est [une routine matinale] assez difficile, parce que j’ai une heure et demie pour tout faire… et après, je dois passer la journée dans les airs. »
Melissa, pilote

- EN:
Before the pandemic, Émilie lived close enough to work that she could walk or bike most days. The morning commute was short and simple. Now, she lives with her partner and his two kids. In order to find an affordable place to live, they were forced to take an apartment further away from their workplaces. Luckily, Émilie and her partner work close to one another, so most mornings they drive to work together. “It’s far, it makes my days longer. It used to take me 15 minutes to walk home after work… now the trip takes 40 to 60 minutes. Twice a day.” On top of this, they need to take into account the time needed to clear the snow off their vehicle and to find parking.
Émilie, social worker
FR:
Avant la pandémie, Émilie vivait suffisamment près du travail pour s’y rendre à pied ou à vélo la plupart du temps. C’était simple et rapide. Maintenant, elle vit avec son conjoint, qui a deux enfants. Pour se loger à prix abordable, Émilie et son conjoint ont dû prendre un appartement situé plus loin de leurs deux lieux de travail. Heureusement, iels travaillent dans le même secteur, ce qui leur permet habituellement de faire du covoiturage le matin. « C’est loin, ça rend mes journées plus longues. Avant, ça me prenait quinze minutes à pied de revenir chez moi après le travail… maintenant, ça me prend entre 40 et 60 minutes. Deux fois par jour. » Il faut aussi prévoir le temps de déneiger l’auto et de trouver une place de stationnement.
Émilie, travailleuse sociale

- EN:
Many essential workers live in areas of the city that are under-serviced by public transportation—and many of their workplaces are in transit deserts as well. This burdens essential workers with long commute times. For Amy, this means a 45 minute commute each way—including a fifteen minute walk, a ten minute train ride, and finally a twenty minute bus to get from her apartment to her workplace. On top of that, the way the buses line up, Amy typically gets to work 15 minutes before the start of her shift to avoid being late. "If I don't take this bus, then I tend to get here at 8:15." After work, Amy sometimes waits up to 20 minutes for the bus to arrive. This results in a lot of additional time required to move between home and work, time that is not remunerated by her employer.
Amy, postal worker
FR:
Beaucoup de travailleur·euse·s essentiel·le·s vivent et travaillent dans des zones de la ville qui sont mal desservies par les transports en commun. Iels passent donc beaucoup de temps à se déplacer. Pour se rendre de son appartement à son lieu de travail, Amy doit prévoir trois quarts d’heure : 15 minutes à pied, 10 minutes de train et 20 minutes d’autobus. Idem au retour. En général, à cause des horaires d’autobus, elle arrive 15 minutes avant son quart de travail pour éviter d’être en retard. « Si je ne prends pas le bus, j’arrive plutôt à 8 h 15. » Après le travail, Amy attend parfois l’autobus pendant 20 minutes. Le trajet lui prend donc encore plus de temps — temps qui n’est pas rémunéré par l’employeur.
Amy, travailleuse des postes

- EN:
Time. Time to learn. Time to play. Time to breathe. On the day I was supposed to wrap up my residency at Gallery 44, I only had one print finalised and I was out of time. Despite having put in full hours throughout the month of February, I didn't feel I had a lot to show for it. I mean sure, I had 32 rolls of developed film, each roll was scanned with a printed contact sheet, and I had done test prints of the images I wanted to use. But I only had one print ready to hang on a wall. I felt stressed and disappointed with myself.
But then I took a long look at my schedule the first week of March and realised I only had a few straggly commitments. One could be done with the help of a friend, one could be done remotely, and one could be delayed a week. Some Toronto friends offered to let me stay with them for free. So I decided to extend the time of my residency. During my last week in the darkroom, I was relaxed and having fun. One day I managed to do five prints. One day I got distracted with printing and submitted three new project applications. One day I worked on one print the entire day, playing around with different ways of dodging and burning the photo, not even sure if I would use it in the final exhibition. I finally was able to play in the darkroom, and it was so much fun! By the end of the week, I had 15 images ready for the exhibition. Sometimes you just need a little more time.
FR:
Le temps. Le temps d’apprendre. Le temps de jouer. Le temps de respirer. Le jour où j’étais censé·e conclure ma résidence au centre Gallery 44, je n’avais qu’un tirage de fait et j’étais à court de temps. J’avais travaillé à temps plein tout le mois de février, mais je n’avais pas l’impression d’avoir produit grand-chose. Oui, j’avais développé 32 rouleaux de pellicule, numérisé chaque rouleau, imprimé toutes mes planches-contacts et fait des essais d’impression pour les images que je voulais utiliser — mais je n’avais qu’un tirage à accrocher au mur. J’étais stressé·e et déçu·e de moi-même.
Sauf qu’en examinant de plus près mon horaire de la première semaine de mars, j’ai réalisé que j’avais seulement quelques petites choses à faire. Je pouvais m’occuper de la première avec l’aide d’un ami, de la deuxième à distance et de la troisième la semaine d’après. Des ami·e·s torontois·es ont offert de m’héberger gratuitement. Bref, j’ai décidé de prolonger ma résidence. Ma dernière semaine dans la chambre noire s’est déroulée dans le calme et le plaisir. Une journée, j’ai réussi à faire cinq tirages. Une autre journée, je me suis laissé·e distraire et j’ai soumis trois demandes liées à de nouveaux projets. J’ai aussi passé une journée entière à tester différentes façons de boucher et de cramer une image, sans même savoir si elle ferait partie de l’exposition. J’ai enfin pu m’amuser dans la chambre noire et j’ai eu tellement de plaisir! À la fin de la semaine, j’avais 15 images prêtes à être exposées. Parfois, on a juste besoin d’un peu plus de temps.

- EN:
Jenna has her kids half of the time, and on the mornings when she does, the morning routine is fast. "The motivation to get up is to go to school, so it's all very timed." Jenna's kids take the bus to school, but she still has to bring them to the stop in town. While Jenna feels largely respected in the community, being trans in a rural community presents its own set of challenges. "In the city I can really use my clothes, and my hair and makeup as obvious gender markers. But [with] farming I'm often wearing overalls and a t-shirt…I do get misgendered a lot."
Jenna, farm worker
FR:
Les enfants de Jenna passent la moitié du temps avec elle. Ces matins-là, la routine déboule en accéléré. « La raison de se lever, c’est d’aller à l’école, donc tout est organisé à la minute près. » Les enfants prennent l’autobus scolaire, mais Jenna doit quand même les amener à l’arrêt, au village. Globalement, Jenna se sent respectée dans la communauté, mais le fait d’être trans en milieu rural comporte quand même des défis. « En ville, je peux m’habiller, me coiffer et me maquiller d’une manière qui indique clairement mon genre. [Autour de la ferme,] je suis souvent en t-shirt et en salopette… Je me fais beaucoup mégenrer. »
Jenna, travailleuse agricole

- EN:
Amy starts her day with a lot of energy. She wakes up at 5:30, feeds her cat, makes coffee, and then spends the rest of her morning reading before going to work as a postal worker. "I think [reading is] a way to get going and start thinking about things." Starting work early means that she gets off early too. "In theory I can do stuff with the rest of my day, but then sometimes I do find that I'm so tired, it's very physically exhausting. My mind will have energy but my body is dead. As long as I don't lay down I can keep it going." After work Amy sits down again at her table with her cat and makes some food—her first meal of the day.
Amy, postal worker
FR:
Amy commence sa journée avec énormément d’énergie. Elle se réveille à 5 h 30, nourrit son chat, fait du café, puis passe le reste du matin à lire avant son quart de travailleuse des postes. « Je pense que [la lecture,] c’est une façon de m’activer et de commencer à réfléchir. » Commencer tôt, c’est aussi finir de travailler tôt. « En théorie, je peux faire autre chose après le travail, mais des fois, je suis vraiment fatiguée. C’est très épuisant, physiquement. Il me reste de l’énergie mentale, mais pas physique. Tant que je ne m’allonge pas, ça va : je peux continuer. » Après le travail, Amy se rassoit à la table avec son chat et fait à manger. C’est son premier repas de la journée.
Amy, travailleuse des postes

- EN:
The Canadian government classifies agriculture workers as essential workers in the food sector. That classification includes all "those necessary for the growing, harvesting and processing of field crops". As a single parent and the only person working on the farm in the winter, Jenna has pressure to work every day. "Being a single parent and running this farm….I was sick today. But, I still had to get up, still had to get my kids ready and get them to school. I still have to feed the chickens and milk the cows. I've really just done the minimum today. I have to work on Christmas Day and on my birthday."
Jenna, farm worker
FR:
Le gouvernement canadien classe les travailleur·euse·s agricoles comme essentiel·le·s dans le secteur de l’alimentation. Cette catégorie comprend « ceux qui sont nécessaires à la culture, à la récolte et à la transformation des récoltes des champs ». Comme maman seule et comme seule responsable de la ferme en hiver, Jenna ressent la pression de travailler tous les jours. « Être maman seule et m’occuper de la ferme… J’étais malade aujourd’hui, mais j’ai quand même dû me lever, aider les enfants à se préparer, leur faire prendre l’autobus. Je dois quand même nourrir les poulets et traire les vaches. J’ai vraiment juste fait le minimum, aujourd’hui. Je dois travailler à Noël et le jour de ma fête. »
Jenna, travailleuse agricole

- EN:
Pets soften the harshness of early mornings. Slowly petting your cat as you drink a morning coffee. Walking with your husky as the first snow falls. Soaking in the quiet as you sit with your cat on the sofa.
Erica, construction worker
FR:
Les animaux sont un baume pour les lève-tôt : flatter doucement un chat pendant qu’on boit un premier café; marcher avec un husky sous la première neige; profiter du silence avec un chat sur le divan.
Erica, travailleuse de la construction

- EN:
At the end of her workday, Erica is covered in dust and her body feels the impact of her workday. “I’m tired, I’m dusty. I feel like I breathed in so much dust that I just lost a year off my life!” The construction industry puts rigorous expectations on its workers, demanding early mornings and long work days. Before making the decision to work as a freelancer, Erica's work rhythm was very fast paced. “I try not to stress at work. I’ve been there so many times, in jobs that took a lot of energy and stressed me out, and so then I would get up in the morning, I wouldn’t really eat, I’d be in a hurry… it wasn’t good for me, like, it wasn’t a good life.” Now, Erica prioritises her personal life, making time for social and political activities in her community.
Erica, construction worker
FR:
À la fin de son quart de travail, Erica est couverte de poussière. Son corps ressent le poids de la journée. « J’suis fatiguée, j’suis dusty. J’ai l’impression que j’viens de perdre une année de vie tellement j’ai respiré de poussière! » Les attentes envers les travailleur·euse·s de la construction sont élevées : les journées commencent tôt et les heures sont longues. Avant de partir à son compte, Erica travaillait à un rythme effréné. « J’essaie de pas être stressée au travail. J’en ai tellement fait, des jobs qui prenaient beaucoup d’énergie pis qui me stressaient, pis là j’me levais le matin, je mangeais pas vraiment, j’me dépêchais… c’était pas bon pour moi, comme, je vivais pas bien. » Aujourd’hui, Erica donne la priorité à sa vie personnelle et prend le temps de s’impliquer socialement et politiquement dans sa communauté.
Erica, travailleuse de la construction

Selena Phillips-Boyle is a portrait photographer living in Tiohtià:ke (Montréal, Canada), working at the intersections of labour, gender and mental health. Their identity as a queer woman shapes their work as a photographer and compels them to examine topics from the intimate perspectives of cis women, trans and non-binary folks. Selena centres a process of collaboration in each project. With an intuitive understanding of how to use natural light and the surrounding environment, Selena's photographs show a queer community in charge of their lives and thriving, allowing us to see them as they want to be seen.